Event — Conférence-Festival Internationale (ConFest)

‘Afrique-Asie, Un Nouvel Axe de Connaissance’. Troisième Édition

La troisième édition de l’évènement international Afrique-Asie, Un Nouvel Axe de Connaissance (Afrique-Asie 3), aura lieu à Dakar, Sénégal, du 11 au 14 Juin 2025. 

Organisée par:
Université Cheikh Anta Diop (UCAD)
Platforme Collectif Afrique-Asie du Sud-Est (CASAP) 
Institut International des Études Asiatiques (IIAS)

Les soumissions de contributions peuvent se faire en Français, Anglais et Portugais. Elles devront s’effectuer avant le 1er Octobre 2024.

Prolongation de la date limite: 25 octobre

Appel à contributions

Dakar, capitale du Sénégal, et grande métropole urbaine de l’Afrique de l’Ouest est un carrefour de cultures et d’activités intellectuelles unique. La ville et ses multiples acteurs institutionnels ou issus de la société civile en font le premier centre de créativité de l’Afrique francophone, un ‘hub’ où se téléscopent idées et traditions émanant tant des Amériques, des Caraibes, de l’Europe, du Moyen-Orient que bien sûr de toute l’Afrique. Elle est située à la pointe occidentale extrême du continent.  

Le terme Teranga (‘hospitalité’ en Wolof) convient bien à la riche convivialité cosmopolite faite d’engagements et d’élégance de la ville-capitale dans laquelle se concentrent toutes les formes d’expression artistiques, littéraires, musicales, gastronomiques -- une générosité qui capture l’imagination de tout visiteur curieux. 

Dakar est bien le cadre idéal pour la troisième édition de l’évènement intellectuel et culturel ‘Afrique-Asie, Un Nouvel Axe de Connaissance’ ou Afrique-Asie 3. 

Conçue sur la base des expériences en terme de dialogue et d’échange initiés lors des conferences pionnières d’Accra (2015) et de Dar es Salaam (2018) [(https://www.iias.asia/networks/africa-asia], cette troisième édition de l’évènement international Afrique-Asie, Un Nouvel Axe de Connaissance ambitionne d’approfondir ces discussions visant à articuler de nouveaux points de comparaison et de nouveaux liens souvent cachés entre l’Afrique et l’Asie. 

La collaboration entre l’Université Cheikh Anta Diop ou UCAD de Dakar, Sénégal [https://www.ucad.sn], le Collectif-Platforme Afrique-Asie du Sud-Est, ou CASAP, Bangkok, Thailande, et l’Institut International des Études Asiatiques, ou IIAS, Leiden, Pays-Bas [https://www.iias.asia] s’inscrit dans une ambition partagée d’imaginer un évènement pouvant stimuler toutes les potentialités offertes par Dakar et sa région.  Nous envisageons de faire de Dakar et de son université un espace experimental pour une manifestation hybride de type ‘Conférence-Festival’ (ConFest) pouvant célébrer la diversité des approches possibles tant scientifiques, culturelles, artistiques ou émanant de la société elle-même. 

Le modèle de ConFest vise à consolider l’infrastructure d’échange et d’engagements intellectuels et culturels, en réunissant des participants ou acteurs aux références disciplinaires et régionales diverses, allant de chercheurs scientifiques, d’artistes, d’intellectuels publiques et d’éducateurs originaires d’Afrique, d’Asie et du reste du monde. Pendant une période intensive de quatre jours à Dakar, les participants seront encouragés à penser à la fois comparativement et de manière inclusive, en context, sur les nombreux défis et possibilités qu’une telle rencontre inter et trans-régionale puisse représenter. 

L’organisation du programme s’inspire de la formule utilisée pour les évènements de l’International Convention for Asia Scholars (ICAS), que IIAS facilite dans différentes régions du monde depuis trois décennies, notamment sa treizième édition qui aura lieu à Surabaya, Indonésie, à la fin de Juillet 2024 ([https://icas.asia/icas13]. Comme à ICAS Surabaya, les participants à la ConFest Afrique-Asie 3 de Dakar se rencontreront autour de thèmatiques transversales interdisciplinaires ouvertes permettant d'encourager les échanges et de voir émerger des problématiques ou situations existant dans les deux continents. Douze thématiques ont été identifiés autour desquels discussions, films, expositions, etc. seront organisés. Pour une liste de ces thèmes, consulter le site: https://www.iias.asia/event/africa-asia-new-axis-knowledge-third-edition. 

L’objectif central et unifiant de Afrique-Asie 3 de Dakar est un appel à appréhender les histoires et les futurs des deux continents, en tandem, afin de repenser et (les) méthodes et pratiques de connaissance ou d’expression au travers desquelles peuvent être imaginées les deux continents et leurs complexes relations, dans le monde. Cette mise en contact et en perspective devrait nous inviter à reconceptualiser nos géographies et nos imageries, à remettre en cause nos constructions cognitives associées aux deux régions en tant que discrètes formes de ‘champs’ d’étude, à les situer aussi dans notre appréhension du monde dans lequel nous vivons. 

Les sujets peuvent être explorés à travers différent formats tels qu’articles ou communications indépendantes, panels entiers, table-rondes intéractives, atelier, expositions, projections de films, et autres formes d’expression pouvant enricher les échanges et l’expérience des participants.

 

TROUVEZ LES FORMULAIRES DE SOUMISSION SUR: 
https://www.abstractscorecard.com/cfp/submit/login.asp?EventKey=GMAEAKPM
Les soumissions en ligne sont acceptées jusqu’au 1er Octobre 2024. 

 

Espace d’exposition -- de livres, d’artisanats, de cuisines et autres projets 

Éditeurs, organisations, ateliers artistiques et artisanaux, projets de la société civile, y compris culinaires intéressés sont invités à exposer leurs livres et travaux dans un espace entièrement dédié à la ConFest au sein du campus de l’UCAD. Pour toute information, écrivez-nous un courriel sur: AfricaAsia@iias.nl

Votre proposition

Lors de la soumission d'une proposition, il vous sera demandé de sélectionner le thème ou « groupe thématique » qui convient le mieux à votre centre d’intérêts. L'objectif est de faciliter les conversations transdisciplinaires entre les participants. Chaque groupe thématique correspond à une ou des tendances du débat académique global actuel. Nous avons construit ces thèmes en termes généraux afin de les rendre aussi inclusifs que possible sans perdre leur cohérence discursive. 

Les groupes thématiques sont conçus comme des points de départ généraux pour votre intervention. Votre soumission peut n'aborder que certains aspects du thème, voire un seul, car votre document enrichira les autres contributions et vice-versa. Il se peut également que votre sujet couvre plus d'une thématique ou d'un format, cependant nous vous demandons de sélectionner un seul groupe thématique pour votre présentation.

Dans l’objectif de forger un « axe de connaissances » Afrique-Asie autonome, nous encourageons les propositions qui décrivent directement les interactions Afrique-Asie. Les participants travaillant dans des contextes asiatiques ou africains et cherchant à établir des comparaisons et des liens entre les deux continents sont également invités à soumettre des propositions.  Les propositions qui témoignent d'un engagement en faveur de la diversité sont vivement encouragées.

Les notes présentant le contexte local qui sont incluses dans les descriptions entendent situer chaque groupe thématique dans l'environnement local et régional de la Conférence-Festival : Dakar, Sénégal, Afrique de l'Ouest et au-delà en traversant l’Atlantique.

Les sujets peuvent être traités à travers différents formats, des propositions de papiers, des panels, des tables-rondes, de posters, aussi bien de supports audiovisuels et d’autres médias. Nous sommes ouverts à toute innovation ou suggestion pour les activités, ateliers et autres formats de présentation qui pourront enrichir les échanges.

Nous sommes heureux de vous accueillir au sein de cette expérience unique tant académique que civique, tant locale que globale pour une collaboration interrégionale inédite.

Table des groupes thématiques

  1. Nature Humanité-Technologies : interactions et réponses
  2. Hégémonies géopolitiques et économiques : cartographies et historiographies
  3. La globalisation économique : prospérité ou souffrance ?
  4. Le rôle des communautés locales : la Société contre les États et les intérêts privés (multinationales) ?
  5. Élaboration des savoirs : institutions, objets et propriétés culturels
  6. Arts, médias (numériques) et Culture : créativités, contestations et collaborations
  7. Ontologies multiples : religions, religiosités, philosophies et langues 
  8. À partir des marges : pouvoir, agences, représentations, résistances 
  9. Paysages alimentaires : agricultures, moyens de subsistance, gastronomies, échanges agro-culturels, appropriations culinaires
  10. Sport (football !), médecine, bien vivre et bien mourir 
  11. Panafricanisme, « Esprit de Bandung », avenirs du Sud Global, et nouvel ordre mondial
  12. L'Afrique-Asie dans un monde interpénétré et enchevêtré : migrations, diasporas, créolités
    Groupe 1

    1.  Nature-Humanité-Technologies : Interactions et réponses

    Il est maintenant avéré que les transformations actuelles de la planète – processus de désertification, de fonte des glaciers, de recul des côtes etc. - sont accélérées par les nombreuses actions humaines, notamment l'exploitation minière, l’action sur les littoraux, les pratiques agricoles de monoculture industrielle, les différents méga projets d'infrastructure, les essais nucléaires, l'exploration spatiale, le génie génétique, l'intelligence artificielle (IA), et bien d'autres choses encore. Les sécheresses ou les inondations catastrophiques ainsi que les situations d'urgence liées à la pollution de l'air et de l'eau sont devenues des problèmes mondiaux récurrents. 

    Dans le cadre de ce groupe thématique, nous invitons les participants à se saisir des questions liées aux interactions entre l’humain, la technologie et la nature en contextes asiatiques et africains. Les vulnérabilités écologiques et leur impact sur l'avenir de l'humanité - sécheresses, inondations et autres dégradations naturelles - ainsi que le rôle des nouvelles technologies dans la transformation des sociétés et de leurs environnements constituent un sujet méritant de sérieuses discussions. Le thème inclut aussi les questions géopolitiques découlant de l'exploitation et de la gouvernance écologiques, telles que celles prenant la forme de plateformes de surveillance, les actes de militarisation, de réglementation, mais aussi les collaborations et compétitions internationales, et la manière dont celles-ci interagissent avec celles liées aux impératifs de durabilité environnementale et de satisfaction des besoins humains et sociaux fondamentaux. 

    Contexte local

    Le continent africain dans son ensemble et la région sahélienne d'Afrique de l'Ouest et du Nord en particulier connaissent de nombreuses transformations écologiques causées par les activités humaines, notamment l'épuisement des stocks de poissons au large des côtes du Sénégal et de la Mauritanie, la surexploitation des sols sahéliens par l'agriculture industrielle, l'érosion de la biodiversité et la dégradation de la qualité de l'eau et des sols participant aux phénomènes de désertification. La région prend souvent l’image d’une proie aux mains des industries extractives minières, de gaz ou de pétrole, la plupart aux mains de conglomérats multinationaux, incluant souvent des entreprises asiatiques. Les derniers développements politiques comme la mise en place de l’Alliance des États Sahéliens et l’élection d’un nouveau président au Sénégal pourraient probablement faire évoluer l’équilibre du pouvoir dans la région en soulevant des questions concernant les nouvelles infrastructures numériques et celle de la souveraineté. Quelles sont les conséquences de ces nouvelles tendances ? Comment pourraient-elles affecter les populations locales et les stratégies adoptées par les différentes parties prenantes ? Dans quelle mesure les citoyens pourront faire face aux vulnérabilités économiques et environnementales qui accompagnent ces transitions ?

    Groupe 2

    2. Hégémonies géopolitiques et économiques : cartographies et historiographies

    Dans les discussions sur les connexions intercontinentales et intracontinentales, hémisphériques et maritimes dans l'histoire mondiale, les dynamiques de pouvoir impliquant les acteurs asiatiques, africains, moyen-orientaux, européens et américains et leurs interactions à travers le temps et l'espace méritent d’être étudiées et débattues. Les impérialismes historiques et les systèmes économiques transnationaux continuent d'affecter les cartographies asiatiques et africaines et leurs intersections : notamment les formes d’impérialisme et de néo-impérialisme européens, japonais, américains et maintenant chinois. La nouvelle tendance à la multipolarité entre ces systèmes hégémoniques ouvre des pistes intéressantes, de même que l'analyse critique de ces hégémonies en tant qu’elles sont liées aux expériences (et interactions) africaines et asiatiques. Contre les effets inégaux résultant de ces mobilités anciennes et encore présentes associées aux pratiques de l’esclavage, du colonialisme et des hégémonies néocolonialistes, se déploient des efforts contre-hégémoniques aux formes historiquement diverses : des mouvements anticoloniaux et de non-alignement à l'émergence plus récente d'une conscience d’appartenir à un « Sud Global », comme l'illustrent également le mouvement panafricaniste ou celui du Forum Social Mondial qui a vu le jour en Amérique latine. De nombreuses voix, objets et histoires, notamment africaines et asiatiques, attendent d'être entendues, retrouvées et racontées, pouvant contribuer à stimuler de nouvelles historiographies transrégionales et -nationales tout à fait pertinentes pour le temps présent. 

    Contexte local

    Dakar est une métropole située à la pointe ouest du continent africain, un point d'aboutissement des anciennes routes commerciales transsahariennes et des routes de la soie. Même dans cette partie du continent, des traces de liens anciens entre l'Asie et l'Afrique ont été mis au jour, qu'il s'agisse d'objets d'art d'Asie occidentale découverts sur les côtes du Ghana ou de céramiques chinoises découvertes au cœur de l'ancien Empire Malien. La situation géographique du Sénégal, qui fait face au nord-est du Brésil et, au-delà, aux Amériques - latine, centrale et septentrionale -, ainsi qu’à l’archipel des Caraïbes, permet de mettre en évidence l'importance de l'océan Atlantique dans les relations Asie-Afrique. 

    La traite transatlantique des esclaves, illustrée par le comptoir de Gorée, une île située au large du port de Dakar, comme les empires coloniaux européens qui lui ont succédée, ont à la fois séparé et relié les deux masses continentales asiatiques et africaines, notamment par un processus de créolisation raciale et culturelle souvent sous-estimée dans les Caraïbes et dans certaines régions du « Nouveau Monde ». Les îles des Caraïbes notamment combinent des « héritages » asiatiques et africains entremêlés avec ceux des populations indigènes et des anciens « maîtres » européens. De même, le régime colonial français en Afrique occidentale et en Afrique du Nord a abouti à l’existence résiduelle dans ces régions de petites communautés asiatiques issues des pays de l’ex « Indochine Française », notamment au Sénégal et au Maroc. C’est du reste dans les régions d'Afrique sous joug Européen que la victoire vietnamienne de Diên Biên Phu fut fêtée comme «la Bastille symbolique du colonialisme ».  Pouvons-nous revisiter l'axe Afrique-Asie à travers le prisme de ces connexions atlantiques ? Existe-t-il des configurations nouvelles susceptibles d'éclairer notre compréhension des connexions, mieux connues, dans l'espace indien-océanique ?

    Aujourd’hui, l'émergence ou la résurgence de nouveaux modèles hégémoniques en Afrique occidentale est devenue une question aiguée. Est-ce que les initiatives politique, économique et sécuritaire de la Chine, des États Unis d’Amérique, mais aussi de la Turquie, de la Russie et du Maroc peuvent-elles conduire vers une « nouvelle ruée vers (Ouest) africain », et ce au détriment de la vieille « FrançAfrique » ? Ou est-ce que ces nouvelles formes d’engagement inaugurent elles une période d’interdépendance multipolaires plus équilibrée ?          

    Groupe 3

    3. La mondialisation économique : Prospérité ou souffrance ?

    Les aspirations à la prospérité matérielle, et les coûts que ces aspirations induisent, sont un sujet de débat d'économie politique récurrent. Les disparités perçues entre le développement économique de l'Asie et celui de l'Afrique sont à l'origine d'une comparaison souvent simpliste qui opposent la « réussite » asiatique au « retard » de l'Afrique. Les économies asiatiques inspirent depuis longtemps de nombreux spécialistes Africains même si les modèles occidentaux continuent de faire référence. La croissance fulgurante de la Chine a contribué à raviver ce point de vue dans les forums sur la « coopération Sud-Sud ». Aujourd'hui, les économies Asiatiques et Africaines s'inscrivent dans un processus de mondialisation multicentrique que certains associent à un niveau de prospérité matérielle correspondant aux aspirations sociales du Sud.  Dans le même temps, certains parlent de « décroissance », en Occident notamment. Quelles sont ces visions contradictoires du développement économique, et quel est leur avenir dans les deux continents ?

    Cet axe thématique invite à une exploration interdisciplinaire critique des paramètres, des indices, des politiques et des idéologies qui sous-tendent les récits de croissance économique, en y incluant la question de leurs coûts humains et écologiques. Les processus de « modernisation » et les conceptions de la modernité qui s’y attachent, de même que la question des systèmes économico-politiques et de leurs rapports de force dans la sphère internationale peuvent être débattus, mettant en avant les opportunités et les obstacles qui en découlent. Les tensions entre les aspirations matérielles et les contraintes sociales se révèlent dans les divisions rurales-urbaines, les politiques de classe et de communauté, ainsi que dans les limites philosophiques mais aussi culturelles faisant face à ces aspirations à la croissance.

    Le contexte local

    En Afrique de l'Ouest, la présence visible d'acteurs chinois, mais aussi coréens, japonais, indiens et turcs a entraîné au sein des élites de la région à une réévaluation de leurs options économiques au-delà des relations bilatérales exclusives au caractère souvent teinté de néocolonialisme qu'elles entretenaient auparavant, notamment avec l'Europe mais aussi, avec l'Amérique du Nord. L'émergence économique de l'Asie dans la région change la donne. Au Sénégal et dans les pays voisins, la croissance de l'économie locale et son intégration dans la chaîne d'approvisionnement mondiale ont sans doute entraîné une augmentation des inégalités. Certains considèrent que ces tendances sont le résultat d’un phénomène de « capture » des élites à l'intersection des intérêts privés et étatiques. L'arrimage monétaire d’un certain nombre de pays d'Afrique de l'Ouest à l'Euro perpétue une situation de dépendance et d’emprise de type néocolonial associé au vieux système de la « Françafrique ». Les récentes crises politiques internes au Sénégal et dans d'autres pays sont en grande partie le résultat de ces contradictions économiques structurelles.

    La question reste posée : La croissance économique oui, mais pour qui ? et pour quel projet collectif ? Quel peut être le rôle des acteurs économiques asiatiques ? Comment des institutions asiatiques parallèles telles que la Nouvelle Banque de Développement et la Banque Asiatique d’Investissements et des Infrastructures (AIIB) peuvent-elles présenter des alternatives de développement plus favorables pour les économies africaines ? Plus généralement, comment des efforts conjoints asiatique et africain de type « win-win », pourraient-ils contribuer à un développement plus harmonieux et équitable en Afrique de l'Ouest et ailleurs sur le continent ?

    Groupe 4

    4. Le rôle des communautés locales : la Société contre les États et les intérêts privés (multinationales) ? 
     

    L'intéraction complexe entre la Société, ses communautés et l'État, en Asie, en Afrique et ailleurs, dans des pays où le modèle imposé de l’État-Nation continue de se façonner, est un des principaux sujets de ce groupe thématique. Ces points de friction et de négociation sont notamment visibles en contexte urbain où la structure des villes est souvent remodelée par « en haut » par des sociétés transnationales travaillant conjointement avec les appareils d’État et les autorités locales. 

    Les discussions peuvent inclure la manière dont les communautés locales abordent les questions de « vivre-ensemble », de quartiers ou voisinages, de migration rurale-urbaine-périurbaine, d’infrastructures, d’embourgeoisement, de publics (de politiques) urbaines, ou de vie à proximité de frontières naturelles telles que les côtes et les montagnes. La question d’ « agenceité » au niveau des communautés locales et de nouvelles formes possibles d'identité collective « à partir du bas », en prenant en compte les formes traditionnelles de quartiers-communautés telles qu'elles existent dans les cultures populaires avec les notions de « Kampung » (Bahasa Indonsia), « Yan » (Thaï), « Jamano » (Soninké), « Lamanat » (Wolof et Sérère), « Kafu » (Manding), « Lamu » (Fulbe ), etc., et la manière dont celles-ci peuvent être incluses dans des projets de développement inclusifs, offrent de nouvelles perspectives notamment par la réhabilitation du rôle de ces communautés souvent marginalisées ou effacées de la mémoire collective.

    Contexte local

    Les villes d'Afrique de l'Ouest s'articulent autour de configurations communautaires rarement prises en compte par les États et les entreprises engagées dans l'accaparement des terres et les phénomènes liés aux déplacements forcés. Les sociétés immobilières chinoises, turques libanaises et indiennes spéculent sur la construction de tours d'habitation destinées à une nouvelle classe moyenne urbaine tandis que de vastes zones rurales sont exploitées par des sociétés comme le groupe indien Senegindia dans le bassin du fleuve Sénégal. 

    De même, des initiatives bien intentionnées comme la préservation de la « Langue de Barbarie » contre les empiètements de la mer dans la ville sénégalaise de Saint-Louis ignorent souvent les besoins des pêcheurs locaux et d'autres communautés établies. Existe-t-il des exemples de succès communautaires dans la protection de leurs intérêts, ou d'agents de l'État et du secteur privé ayant réussi à inclure le « local » dans leurs projets ? Comment interpréter la montée en puissance des acteurs non étatiques qui s'opposent à l'État dans les pays du Sahel que sont le Mali et le Burkina Faso ? 

    Groupe 5

    5. Élaboration des savoirs : institutions, objets et propriétés culturels

    Le thème ici porte sur la production, la transmission et la circulation des savoirs dans un contexte postcolonial, pluri-centré et (possiblement) post-néolibéral. Outre que les universités mettent beaucoup plus l'accent actuellement sur leur classement international plutôt que sur leur rôle local en tant qu'agents de cohésion sociale, il existe d'autres canaux de création et de circulation des connaissances, notamment des innovations en matière de programmes d'études et de pédagogie axés sur l’acquisition de connaissances par l’expérience.

    Aujourd’hui, le rôle des universités, des musées, des bibliothèques et des archives a changé tandis que les téléphones portables et les médias sociaux ont élargi le champ à de nouveaux sites d'apprentissage, souvent informels. L'avenir de la recherche et de l'éducation numériques ainsi que le rôle civique des arts sont également des sujets pertinents. Quels sont les problèmes et les perspectives liés à cette diversification des sources de connaissances et comment les gérer ?

    Contexte local

     Seule une petite minorité de jeunes ouest-africains fréquentent l'université, bien que leur nombre ait augmenté avec la taille de la population. Le système éducatif et académique actuel a été construit sur les normes occidentales dans un contexte colonial de production d'un savoir d'élite, avec des spécialisations influencées plus tard par des acteurs comme la Banque mondiale ou le Fond Monétaire International. Aujourd'hui, des programmes publics nationaux et régionaux s'efforcent de définir un modèle universitaire propre à l'Afrique, par exemple l'Association des universités africaines (AUA), l'Alliance des universités africaines (ARUA), à Accra, et le Conseil pour le Développement de la Recherche dans les Sciences Sociales en Afrique. (CODESRIA).

    Ces initiatives sont d'importantes sources de connaissances ancrées dans la réalité africaine au-delà des héritages coloniaux et néocoloniaux. L'Institut d'Études Africaines de l'Université du Ghana (1961) s'efforce d'exhumer des formes indigènes et vernaculaires de production de connaissances humanistes ; d'autres efforts visant à « africaniser » les connaissances incluent le CODESRIA (1973) déjà mentionné, la nouvelle plateforme Global Africa (GA) et sa revue du même nom, de l'Université Gaston Berger, la commission de rédaction de l’Histoire Générale du Sénégal (HGS, ainsi que des projets indépendants issus de la société civile tels que la Raw Material Company à Dakar, qui soutient la constitution et le déploiement de connaissances par le biais d'expressions artistiques émergeant au sein du tissu social communautaire local. Le Groupe de rap sénégalais Biddew bou bess, est un des pionniers explorant un subtil mélange d'éléments afro et asiatiques dans leur production musicale. 

    Plus abstraitement, il y a le besoin de déconstruire la « bibliothèque coloniale » et de décoloniser le savoir construit, en gardant à l'esprit qu'il s'agit en partie d'une coproduction des forces africaines et coloniales. La liberté épistémique dans le Sud Global permettrait aux Africains et aux autres peuples, notamment de l’Asie, de penser, de théoriser, d'interpréter et d'écrire sur le monde à partir de leur propre situation sociale et culturelle, en développant de « nouveaux axes de connaissance » à partir de contextes et d'expériences différents.

    Groupe 6

    6. Arts, médias (numériques) et Culture : créativités, contestations et collaborations

    Les questions de propriété culturelle et notamment de restitution d’artefacts ou d’antiquités entre les États remet en question des constructions juridiques hiérarchiques nées du temps de la domination occidentale. Ceci est particulièrement visible pour ce qui est des pratiques muséales et, plus généralement, des politiques de gouvernance (et de collaboration) culturelle, notamment dans le Nord Global. Dans le même temps le phénomène des médias numériques indépendants accélère les échanges et intensifie les formes de contestation autour des politiques axées sur l'identité, avec des conséquences souvent très conflictuelles.  Cependant, l’espace élargi offre aussi des opportunités nouvelles aux artistes des médias, aux activistes et autres lanceurs d’alerte en ligne, aux éducateurs publics et aux défenseurs associés aux mouvements sociaux dans un certain nombre de sociétés africaines et asiatiques. 

    Outre les propositions qui évaluent de manière critique le rôle des arts, des médias et les politiques culturelles en Asie et en Afrique, avec les questions qui leurs sont associées telles -- « de quelle voix s’agit-il ?», « patrimoine de qui et pour qui ?» --, nous invitons également les contributions provenant d'artistes, de cinéastes, d'écrivains, de publicistes, de dramaturges, d'interprètes ou de conservateurs (de musées, de galeries, etc.) qui réfléchissent sur leurs engagements créatifs et leurs travaux au travers de ce prisme critique. Nous encourageons en particulier les contributions de membres de ces professions engagés dans des projets en Asie et en Afrique. 

    Le contexte local

    En Afrique de l'Ouest, comme dans de nombreuses régions du monde, le débat sur la restitution des œuvres d'art pillées lors des conquêtes coloniales européennes, mené à l'origine par les Européens eux-mêmes, s'accompagne de discussions sur les traditions culturelles perdues en Afrique, la question de la responsabilité politique et publique, la représentation de la culture et des identités, et le rôle de l'État national dans ces développements. Est ainsi posée la responsabilité politique et publique de ces représentations ainsi que l'écart qui peut exister entre les discours officiels et les points de vue et besoins des communautés. Par exemple, la jeunesse urbaine, qui adopte une esthétique culturelle en contradiction avec les logiques nationales postcoloniales, perpétue une tradition de protestation politique à travers la musique, la danse et les graffitis dans les espaces publics utilisés comme sites actifs de contestation. 

    Au cours des dernières décennies, les plateformes numériques et les médias sociaux sont devenus des espaces vitaux pour l'expérimentation créative et l'expression dissidente au sein de la jeunesse sénégalaise et ouest-africaine. En abordant les médias sociaux comme un prolongement de l'espace public, ou comme un espace entre le public et le privé, nous nous demandons comment les arts, la culture et les réseaux sociaux (en ligne et hors ligne) contribuent à de nouvelles formes d’expression, de collaboration et de protestation à la base de nouvelles formes de connaissances en et à travers l'Afrique et l'Asie.

    Groupe 7

    7. Ontologies multiples : religions, religiosités, philosophies et langues 

    Le rôle de la religion dans la vie quotidienne est fondamental pour comprendre les similitudes et les différences entre l'Asie et l'Afrique. Si la religion a servi à soutenir le contrôle social au bénéfice des États, les langues nationales ou officielles y ont également contribué car, bien que d'origine coloniale, ou instrumentalisées par l’État colonial, elles ont tendu à marginaliser les formes d’expression vernaculaires ou les systèmes de croyances indigènes, ainsi que les pratiques culturelles et les coutumes qui les accompagnent. De la même manière, les mouvements de décolonisation, d'indigénisation et de droits de l'homme exigent une prise en compte attentive des liens entre citoyenneté et appartenance culturelle. Par exemple, des abus politiques ont été perpétrés au nom de la religion et de la nation, alors que la religiosité peut aussi être une source d'espoir, de résilience et de transcendance. 

    Le contexte local

    La religion, et l'islam en particulier, joue un rôle essentiel dans la régulation et la médiation des conflits politiques et culturels au sein de la société sénégalaise. Ce rôle n'a cessé de s'étendre malgré les divergences entre les jeunes générations quant à la nature et à la forme qu'il pourrait prendre. Il existe un certain nombre de liens entre les membres des communautés musulmanes d'Afrique du Nord et de l'Ouest et ceux des pays d'Asie du Sud-Est, en particulier l'Indonésie et la Malaisie. Un autre fil conducteur concerne la redécouverte concomitante dans les deux continents des « croyances animistes » et la recherche de moyens pour réenchanter et rééquilibrer les relations entre l'Homme et son environnement naturel. De même, un certain nombre d'initiatives en Afrique de l'Ouest cherchent à revitaliser les langues et dialectes vernaculaires marginalisés dans le but de réintroduire les systèmes de valeurs, les visions du monde et les cosmologies locales. 

    Groupe 8

    8. À partir des marges : pouvoir, agences, représentations, résistances

    Comme le suggère l'anthropologue Anna Tsing, la question des « marges » nous oblige à réfléchir à une « vie créative à la périphérie » nous aidant à faire face aux actes de pouvoir découlant des inégalités structurelles de race, de caste, de religion, d'ethnicité et de sexe qui persistent aux niveaux régional, national et mondial. Malheureusement, les cas de répression et de violence abondent, souvent perpétrés par et au nom de l'État-Nation postcolonial, qui prétend soutenir une conception exclusive de la citoyenneté et ce au nom d’une idée universelle. Les formes de marginalisation et les dynamiques de représentation, d'action et de résistance civiques qu'elles engendrent sont confrontées à l'exercice débridé du pouvoir dans de nombreux États d'Asie et d'Afrique du XXIe siècle.

    Le contexte local

    La mobilisation et la radicalisation des jeunesses sénégalaise et ouest-africaine, favorisées par une sociabilité médiée par la technologie, se traduisent par des dispositifs sociaux, politiques et culturels créatifs visant à revendiquer un pouvoir et une place dans des sociétés souvent étouffantes caractérisées par des valeurs patriarcales et des hiérarchies coloniales et néocoloniales – économiques -- très vivaces. Se présentant comme une catégorie oubliée et marginalisée, ces jeunes cherchent à jouer le rôle de protagonistes de la transformation et du changement social. 

    Dans ce groupe thématique questionnant les formes de marginalité, nous invitons des interventions qui pourraient contribuer, par une approche critique et comparative le long de l'axe de recherche Afrique-Asie, à mettre en évidence les capacités d'inclusion mais aussi les rigidités spécifiques des sociétés d'Afrique de l'Ouest.

    Groupe 9

    9. Paysages alimentaires : agricultures, moyens de subsistance, gastronomies, échanges agro-culturels, appropriations culinaires

    L'accent est ici mis sur les discussions concernant la production d'aliments traditionnels, la résilience, la sécurité, et la durabilité alimentaires, l'agriculture biologique par rapport à l'agriculture industrielle, l'agriculture de subsistance vivrière par rapport à l'agriculture commerciale, les semences et cultures génétiquement modifiées par rapport à celles de cultures indigènes, l'expansion de la production et de la consommation des denrées de base (en particulier le riz et le blé), y compris la récente valorisation du millet par les Nations Unies, la transformation des aliments, leur emballage, les industries de vente au détail, etc. Les traditions et croyances associées à l'alimentation, le tourisme et son impact sur les pratiques culinaires, la restauration, l'alimentation « de rue » et les foires alimentaires qui prospèrent dans de nombreuses régions d'Asie et d'Afrique, sont autant de sujets méritant également d’être abordés en comparaison. 

    Les participants pourront aussi se pencher sur l'évolution des habitudes alimentaires en contextes urbains, facilitée par l'émergence des applications de livraison de nourriture qui ont vu le jour pendant la pandémie et qui ont participé à la propagation des chaînes de restauration rapide ; une tendance que l’on peut juxtaposer à des mouvements contraires comme le « slow-food », le végétarianisme, les restaurants ethniques, ainsi que l’impact des émissions de télé-réalité sur la nourriture, etc. D'autres domaines à explorer sont ceux sur la production et le commerce agricole mondiaux, les questions de libre-échange, et les systèmes de valeurs économiques désormais partie intégrante des modes de production et de consommation alimentaires. 

    L’histoire des échanges et pratiques agricoles et alimentaires partagés entre l'Afrique et l'Asie dans un enchevêtrement intercontinental entamé dès la préhistoire est également un sujet majeur méritant d’être discuté. On peut considérer par exemple Madagascar et les îles alentour comme un site privilégié de rencontres écologiques et culturelles entre les deux continents faisant partie du grand carrefour de l'Océan Indien, dont les échanges ont ensuite été affectés par les importations de denrées de base en provenance des Amériques.

    Le contexte local

    La culture culinaire du Sénégal a été influencée par les nations d'Afrique du Nord, d'Europe et d'Asie, ainsi que par de nombreux groupes ethniques, les Wolofs étant les plus nombreux. La récente patrimonialisation de la culture alimentaire ouest-africaine a mis en lumière trois plats largement connus et appréciés au Sénégal et a conduit à une prise de conscience de l’importance des recettes, des ingrédients, des pratiques et des espaces de cuisine et d'échange transnationaux. La spécialité locale à base de poisson et de riz « Thiéboudienne », qui a été qualifiée de plat national sénégalais, a des liens avec la cuisine de riz brisé des pays de l'ancienne Indochine française. D'autres plats comme le Yassa, avec sa sauce à base d'oignons servie sur du riz avec de la viande ou du poisson, et le Mafé, un ragoût de viande avec une sauce à base de tomates et d'arachides, ont également des équivalents ailleurs.

    L'histoire de cette cuisine est liée à l'évolution des pratiques agricoles sénégalaises, notamment à la suite de l'expérience coloniale. Le Nem a été intégré au registre de l’alimentation locale récemment. C’est une spécialité issue des rouleaux de printemps que les tirailleurs sénégalais et leurs épouses ont ramenés du Viêt Nam. Les pastels farcis de viande hachée et de vermicelles sont connus sous le nom de « pain chinois ». Ce thème explore la manière dont une connaissance intégrée des cultures alimentaires et de subsistance africaines (et asiatiques) peut servir de vecteur d'inclusion et d'émancipation parmi les différentes communautés de la région.

    Groupe 10

    10. Sport (football !), médecine, bien vivre et bien mourir

    Ce groupe thématique s’intéresse aux questions liées à la santé et au bien-être des individus: problèmes d’hygiène, d'assainissement, de maladies, d’infections, de pandémies, de nutrition, de confinement, de cultures du soin, de reproduction, de naissance, de mort, d’euthanasie, de douleur, d’émotions traumatiques, ainsi que de les notions d’esprit et de corps, non seulement au sein de divers systèmes de santé, mais aussi dans la gouvernance de la santé publique aux niveaux local, national et mondial. 

    Les thèmes abordés comprennent la manière dont l'État et les communautés négocient les soins de santé préventifs, ceux-ci pouvant s’effectuer par le biais de plateformes numériques de biosurveillance, ou de plateformes participatives impliquant des organisations non gouvernementales et des praticiens de santé publique au sein des communautés. 

    Également importants dans la perspective d’un dialogue Asie-Afrique sont les sujets liés à la coexistence de pratiques de santé dites « formelle » et « informelle », « occidentale » et « non-occidentale », le rôle des praticiens locaux (et souvent de pharmacopées traditionnelles), notamment en période d'épidémie, les tensions culturelles sensibles autour des pratiques funéraires et les croyances concernant l'au-delà. 

    Nous sollicitons également des contributions sur les régimes sportifs professionnels dans le contexte néolibéral mondial, notamment par exemple la question des femmes par rapport à l'industrie du sport, l'histoire et la sociologie des sports populaires tels que le football, le basket-ball, le hockey et le cricket au sein des populations asiatiques et africaines. La culture du football en particulier constitue un point central de comparaison et de connexion entre les deux continents. 

    Un autre domaine d'intérêt est la relation entre le « bien-être » et la croissance mondiale des technologies et des industries du bien-être. Les discussions sur le développement de systèmes de soins de santé et de soins gériatriques adéquats sont les bienvenues. Comment les sociétés africaines et certaines sociétés asiatiques, qui connaissent encore une forte croissance démographique, peuvent-elles répondre aux besoins futurs, non seulement en matière d'opportunités éducatives et professionnelles, mais aussi en matière de soins de santé et de prise en charge des populations vieillissantes (le « bien mourir ») par les populations jeunes, ainsi qu'en matière de biosurveillance en cas d'épidémie? Le phénomène de commercialisation du sport, des soins de santé et des pratiques gastronomiques, en tant que moteurs de la croissance économique, suscite également espoirs et inquiétudes. 

    Contexte Local 

    Les systèmes de santé de l'Afrique subsaharienne et de l'Afrique de l'Ouest sont depuis longtemps accablés par un double fléau de maladies transmissibles et non transmissibles et, plus récemment, par la pandémie de COVID-19. Malgré les progrès des soins de santé dans le monde, la région reste à la traîne. La pandémie de COVID-19 a révélé les dysfonctionnements du système de santé dans le monde et en particulier en Afrique. La Chine s'est fortement impliquée pendant la pandémie, en menant une "diplomatie du vaccin" active au cœur d'une nouvelle stratégie des "Routes de la soie de la santé". Les médias ont diffusé des images de masques et autres équipements de protection dans des boîtes arborant un drapeau chinois bien visible. 

    Aujourd'hui, les missions médicales chinoises continuent de renforcer l'image de l'expertise de ce pays en Afrique. Entre-temps, des centres médicaux asiatiques avec leurs médecins, des services de massage et d'acupuncture asiatiques ont ouvert leurs portes à Dakar. Dans un environnement démographiquement "jeune" comme celui de l'Afrique de l'Ouest, les questions liées au vieillissement et à la guérison peuvent sembler moins urgentes. À cet égard également, un dialogue avec les sociétés asiatiques sur ces questions pourrait s'avérer très fécond.

    Groupe 11

    11. « Panafricanisme », « Esprit de Bandung », avenirs du « Sud Global » et nouvel ordre mondial

    Ce groupe thématique cherche à rassembler les contributions qui traitent directement des idées et promesses formulées pour la première fois lors de la Conférence Afro-Asiatique de Bandung, en Indonésie, en 1955, suivie par l'appel à l'unité des nations africaines à travers l’idée de « Panafricanisme ». 

    Le concept de solidarité afro-asiatique ne va pas toujours de soi. L'invocation de ces solidarités à des fins politiques et pour des intérêts égoïstes a souvent soulevé des questions. L'inclusion de l'Afrique dans la stratégie chinoise « Ceinture et Route » a donné à cette initiative un caractère « sudiste » plus clair, incarné par l'alliance des BRICS qui accueille des États du Sud dont trois africains et deux asiatiques. 

    On assiste aussi à une prise de conscience de l'existence d'intérêts et de points de vue communs parmi les différentes nations « méridionales » d'Asie du Sud-Est, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Amérique latine, liée à la notion d'un « Sud Global » émergeant. Cependant, l'intégration de ces intérêts sur la scène internationale par des pays-puissances comme la Chine, l'Inde et la Russie en a laissé plus d'un sceptique, en particulier chez leurs homologues du « Nord Global ». Les experts universitaires et politiques s'intéressent donc de plus en plus à la question de ce Sud Global à la fois comme concept, et comme pratique politique en Asie, en Afrique et entre les deux continents. 

    Le contexte local

    Une raison majeure du climat politique actuel dans les pays d'Afrique de l'Ouest, en particulier au Sénégal, tourne autour de la possibilité pour les peuples de la région de s'émanciper des vestiges de l'exploitation néocoloniale et néolibérale. Il y a un fort désir de réimaginer un projet démocratique et de développement construit sur des fondations endogènes et sensibles à la culture des populations locales. La présence mondiale affirmée de l'Asie - concomitante au déclin relatif, du moins dans les perceptions locales, de l'Occident et de ses institutions -, la révolution numérique, et l'amélioration générale des infrastructures de base - souvent grâce aux investissements chinois et asiatiques - ont abouti à renforcer une conscience collective et un processus de politisation des populations en faveur d’un développement social et sociétal plus participatif.

    Au Sénégal, la crise politique des trois dernières années, qui a précédé l'élection du président Bassirou Diomaye Faye en mars 2024, est née de l'émergence d'un puissant mouvement d'opposition populaire dont le message reflète ces aspirations émancipatrices en particulier chez les jeunes.  Ce pôle thématique aborde les défis souvent contradictoires auxquels sont confrontés les pays du Sud, les pesanteurs de leurs structures et institutions politiques passées et les imaginaires émancipateurs de l'avenir, notamment à la lumière des comparaisons et des échanges entre les deux continents.

    Groupe 12

    12.  L'Afrique-Asie dans un monde interpénétré et enchevêtré : migrations, diasporas, créolités

    À l'ère des phénomènes d’interpénétration et d'enchevêtrement humain au niveau mondial, les Africains, les Asiatiques et les « AfricAsiens » ou « Afrasiens » constituent une réalité humaine globale qui procède de liens extrêmement étroits, voire d'hybridation, entre les deux entités. Ce phénomène n'est pas nouveau, puisqu'il remonte à l'expérience des sociétés maritimes et insulaires de l'océan Indien, des Caraïbes, de la pointe sud et des régions orientales du continent africain. Le renouveau des interconnexions afro-asiatiques est déjà fort dans le domaine culturel et artistique ainsi que dans les domaines de la mode, de la musique, du sport. Ce groupe thématique accueille l’exploration de ces sujets, à la fois passés et présents, en particulier en ce qui concerne « la conscience de soi », « l'expression de soi » et les identités des communautés, ainsi que leurs effets potentiels sur la société dans son ensemble. 

    Le contenu local

    Le Sénégal, mais aussi le Maroc, le Mali, la Guinée et d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, ont un lien particulier avec les peuples de l'ancienne Indochine coloniale (Cambodge, Laos et Viêt Nam). De nombreux tirailleurs sénégalais ont été envoyés par l'occupant français pour lutter contre le mouvement d'indépendance vietnamien dans les années 1950. Un certain nombre d'entre eux sont rentrés chez eux avec leurs épouses vietnamiennes, ce qui a donné naissance à une communauté sénégalo-vietnamienne, petite mais dynamique. Aujourd'hui, ces « Sénégalais-Asiatiques » sont rejoints par des Chinois et des Indiens de la première génération qui sont venus travailler et faire des affaires dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Par ailleurs, on trouve des commerçants sénégalais dans les métropoles asiatiques de Dubaï, Bangkok et Guangzhou. Nul doute qu'ils contribueront eux aussi à l'expansion de la communauté sénégalo-asiatique, de plus en plus diversifiée dans ses origines. Comment penser ce groupe social et cette subjectivité afro-asiatique en expansion en Afrique de l'Ouest et au-delà ?